Las caras de Lambrusquèra

 

 

article tiré de "sud-ouest" - juin 2013

 

Voix arrosées et spontanées

En marchant, en mangeant ou en buvant, les Lambrusquèra de Jurançon chantent haut et fort

Comme la grive du nom de lambrusquèra, Frédéric, Denis, Fabrice, Cédric et Romain aiment le cépage du petit manseng, produit sur les coteaux de Jurançon, près de Monein. Dans les vignes, ils chantent lors de randonnées ou de répétitions.

Comme la grive du nom de lambrusquèra, Frédéric, Denis, Fabrice, Cédric et Romain aiment le cépage du petit manseng, produit sur les coteaux de Jurançon, près de Monein. Dans les vignes, ils chantent lors de randonnées ou de répétitions. (PHoto Luke LAISSAC/« SO »)

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Le dernier photographe venu leur rendre visite, au domaine Montesquiou, à Monein, « n’a fait que des photos floues », prévient Fabrice Montesquiou en ouvrant les portes du chai où le groupe répète. À 34 ans, il est le plus jeune des six chanteurs et ancien rugbymen : « Avant de fonder le groupe, on animait déjà la troisième mi-temps », raconte Fabrice. Aujourd’hui, les Lambrusquèra ont arrêté le rugby, mais animent des soirées, mariages, fêtes de village ou encore des randonnées. Les chants « Histoire d’apéro », « Tomber l’olive », font partie de leur répertoire, particulièrement arrosé.

Force et émotions

« Lambrusquèra est le nom d’une grive qui aime grignoter le cépage de notre domaine », explique Fabrice. Tout comme elle, les hommes du groupe aiment chanter au beau milieu des vignes, à 5 km du village de Monein : « J’aime chanter en montagne, dans les vignes, dans une cave, quand on est vraiment en connexion avec notre élément », confie Frédéric Barrère.

Loin d’aligner bouteille sur bouteille, les Lambrusquèra chantent le verre à la main, comme pour trinquer au plaisir de se retrouver. « Nous sommes des chanteurs spontanés, indique Fabrice. On essaye de se réunir deux à trois fois par mois, et on profite des animations que l’on fait pour répéter. »

En tant que bénévoles, les chanteurs du groupe doivent concilier leur vie professionnelle et familiale à leur vie de chanteur. Un défi qu’ils relèvent plutôt bien, d’après Marie-Chantal Montesquiou, la mère de Fabrice : « Je ne pensais pas que mon fils aurait le temps de chanter, entre le vignoble, les salons, le commerce, mais il s’en sort, raconte-t-elle, avant d’ajouter : ils doivent faire des concessions avec leurs épouses, qui sont très gentilles. »

Tous en couple, les Béarnais savent convaincre leurs épouses lorsqu’il s’agit d’animer des soirées loin de leur pays : « Elles aiment bien nous accompagner pour faire les courses et voyager », s’amuse Denis Bensilahe, pharmacien, qui reconnaît que les compagnes ne viennent pas à chaque représentation.

Ce qui n’empêche pas la bande de copains de mettre en musique leur vie quotidienne : « Je chante sous la douche, mais aussi à côté de la douche », raconte Frédéric, dont l’épouse basque chante aussi chez eux avec les enfants. « On a le bouton “on” mais on n’a pas le bouton “off”, complète Denis. Avec leurs coffres de rugbymen, les voix puissantes des Lambrusquèra remplissent assez l’espace pour se passer d’instruments : « On avait essayé avec une guitare, mais finalement on préfère faire sans, raconte Romain Josse, éducateur spécialisé. On a un instrument, le diapason, et encore ! » s’amuse-t-il.

Même s’ils chantent fort, à en donner la chair de poule, ils n’en sont pas pour autant des brutes : « Les chants béarnais parlent beaucoup d’amour », explique Frédéric, avant d’entamer en chœur le chant d’entrée de la mariée. Il se souvient d’ailleurs avec émotion de son propre mariage : « Ils [les autres Lambrusquèra, NDLR] étaient cachés dans le fond de l’église pour la chanter et j’en ai pleuré en voyant ma future femme avancer. »

« La plus joyeuse aura mon cœur, les autres iront chercher ailleurs », chantent-ils, en cette soirée de répétition.

En béarnais, ou en français, ils préparent un album qui compile une partie de leur répertoire, financé grâce aux recettes de leurs animations. Après un mois de juin très chargé, ils ont décidé de se consacrer un peu plus à leur famille durant l’été. Ils seront aux fêtes de Laruns, le 15 août, avant la Fête des bergers d’Aramits, le 21 septembre.